Le Bal

Une piste de danse pour lieu unique et une absence totale de dialogues, mais cinquante ans d’Histoire de France racontés entièrement par la danse, la musique et vingt-quatre acteurs-danseurs incarnant cent quarante personnages.

Le spectateur déambule à travers cinq moments historiques parfaitement identifiables : le Front populaire en 1936, la Seconde Guerre mondiale en 1940, la Libération en 1944 puis Mai 68, avant de retrouver le temps présent en 1983. Si la piste est immuable, les décors changent à travers d’infinis détails, tels des tableaux théâtraux.

Ettore Scola, par de longs plans fixes, isole avec sa caméra les danseurs qui s’observent d’abord, minaudent et paradent ensuite, égrainant un chapelet d’émotions, hommage au jeu burlesque des premiers temps du cinéma.

Le cinéaste déploie son art de la caricature : les caractères s’affirment, les tics s’affinent et la danse devient charnelle, bestiale, violente même.

Cette adaptation d’une pièce collective de la compagnie du Théâtre du Campagnol confirme la particularité stylistique de Scola qui part de la micro-observation de ses personnages, de leur physionomie et de leurs gestes, pour raconter avec une pointe satirique les grands événements, la transformation de la société, le passage du temps.

Et le bal est un des rares espaces où on se touche même si on ne se connaît pas, où les corps se rencontrent, les classes sociales se mélangent et s’entrelacent.

Élodie Hachet (chargée de cours à l’UNIL, CEC