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CURTAIN

Les Demoiselles de Rochefort

Films Restaurés
mercredi 13 mars à 17:45
Capitole - Salle Lucienne Schnegg
De Jacques Demy
Avec Catherine Deneuve, Françoise Dorléac, Danielle Darrieux, Jacques Perrin, Michel Piccoli, Gene Kelly, George Chakiris
France, 1967
2h05 / fr. / copie numérique restaurée / 10 (12)
Présenté par LAURENT LE FORESTIER (CEC, Unil)

Peut-on être ancien et moderne à la fois ? Le présent ne répète-t-il pas le passé autant qu’il le transforme ? Ne s’entremêlent-ils pas, sous les espèces du déjà vu/entendu ?

Le temps d’un week-end, à l’occasion d’une kermesse à Rochefort, se croisent des personnages surgis du passé (Andy retrouve Simon, qui revoit Yvonne, dont le père renoue avec un ancien ami, qui a lui-même connu une danseuse et une Mme Desnoyer venues tout droit du Lola de Demy, etc.), tandis que d’autres se frôlent sans savoir qu’ils partagent (peut-être) un avenir (Solange et Andy ; Delph – presque comme l’oracle – quitte Guillaume Lancien pour être disponible au nouveau, Maxence) : le hasard et le destin tirent des ponts entre le prévu et le possible.

Dans cette farandole mélancolique et enjouée, la comédie musicale hollywoodienne donne la main à la Nouvelle Vague (décors naturels et plans longs) : comme il se doit, on y cherche l’amour idéal, mais, comme souvent chez Demy (des Parapluies de Cherbourg à Une chambre en ville), la pantoufle de verre des gens de cœur (vendue chez le chausseur Cendrillon de la place principale de Rochefort ?) voisine avec les bottes des militaires et des gendarmes, présents, sous de multiples formes, dans tous les espaces de la ville, jusqu’aux petites figurines que découpe discrètement M. Dame.

Comédie musicale métaphysique, Les Demoiselles de Rochefort ne cesse ainsi de thématiser ses rapports distanciés avec l’histoire de ce genre hollywoodien… présent dans le film sous le double visage de l’ancien (G. Kelly) et du moderne (G. Chakiris).

Laurent Le Forestier (CEC, Unil)