100%
CURTAIN

La Fièvre du Samedi Soir

Rétrospective
samedi 9 mars à 20:30
Capitole - Salle Freddy Buache
De John Badham
Avec John Travolta, Karen Gorney
États-Unis, 1977
1h59 / v.o. s-t fr. / copie numérique / 14 (14)
Présenté par VALENTINE ROBERT (CEC, Unil)

Célèbre pour avoir propulsé au rang de star John Travolta (jusque-là vedette du petit écran) et promu au niveau mondial la musique disco, le film de Badham impose dès ses premières images, qui défilent au rythme de Staying Alive de Bee Gees sur lequel se calque la démarche du jeune Tony Manero, comme une sorte de pendant glamour du très noir Taxi Driver (1976) : le protagoniste Tony certes tente lui aussi de séduire maladroitement une femme cultivée, se toise dans le miroir en quête d’identité et arpente les rues, mais avec ses cheveux gominés, sa chemise flashy, ses chaussures étincelantes, sa chaînette en or sur le torse et ses pattes d’eph., il est quant à lui dans une exhibition constante d’un style vestimentaire et d’un charisme qui tend à apparenter le film aux productions de la blaxploitation.

Ce primat du clinquant n’interdit toutefois pas à Saturday Night Fever d’ancrer avec réalisme son personnage dans le quotidien d’une bande de jeunes Italo-américains de Brooklyn dont il capte les rêves et angoisses : Tony est en quête d’une reconnaissance que son milieu familial lui refuse, et ses entraînements pour briller sur la piste de danse témoignent d’une volonté de s’en sortir, comme le héros de Rocky (1976) dont l’image orne sa chambre – Sylvester Stallone, d’ailleurs, réalisera six ans plus tard un sequel peu mémorable du film de Badham.

Mais l’ascension sociale de Tony demeure toute relative : qu’il s’agisse de la romance ou de la success-story, Saturday Night Fever, film à petit budget devenu culte, échappe aux stéréotypes hollywoodiens.

Alain Boillat (CEC, Unil)